Il est le troisième « grand invité » à poser un regard personnel sur les collections du Louvre, mais le premier à s'investir aussi totalement. Jusqu'au 31 janvier, Les visages et les corps sélectionnés par le metteur en scène offriront une confrontation étonnante avec la création contemporaine. Retrouver le Louvre et s'approprier totalement l'espace, c'était une évidence pour Patrice Chéreau. Dès l'âge de cinq ans, accompagné par son père peintre, il arpentait ces galeries qui ont forgé sa sensibilité artistique, sous le regard menaçant d'Osiris. En commissaire d'exposition virtuose, exigeant et précis, il met en regard sans chronologie une quarantaine d'œuvres venant du Louvre et d'ailleurs. Dans la salle Restout, L'origine du Monde de Courbet et le Portrait de Michel Leiris de Francis Bacon dialoguent avec les photographies de Nan Goldin. Et dans les galeries voisines, la musique, la danse, le cinéma et le théâtre (Koltès récité par Romain Duris) composent une expo-spectacle foisonnante conçue pour « ranimer la part de vie enfermée, figée pour l'éternité dans l'œuvre d'art muséifiée »... Le musée du Louvre aime inviter. Après les « Regards sur la prison » de Robert Badinter en 2005, on a pu assister aux concerts de Pierre Boulez dans l'auditorium du Louvre et aux conférences d'Umberto Eco. Moins médiatiques que les expositions Jeff Koons ou Haruki Murakami à Versailles, ces événements qui confrontent l'art contemporain au classicisme du lieu attirent un public toujours plus nombreux. Le Louvre présente d'ailleurs en ce moment, dans le cadre de l'année France-Russie 2010, un panorama de l'art russe contemporain en y mêlant plusieurs générations d'artistes vivants. Quand musée rime avec modernité…
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