C’est un grand monsieur de l’infiniment petit. Serge Haroche, 68 ans, a reçu cette semaine le prix Nobel de physique 2012.
Il partage cette immense distinction avec l’Américain David Wineland. Les deux chercheurs ont été récompensés pour avoir trouvé le moyen de manipuler les plus petites particules de matière et de lumière, ce qui ne pouvait être abordé que sous forme d’équations ou de manière théorique jusqu’à maintenant. Cela pourrait ouvrir la voie à la création d’ordinateurs encore beaucoup plus rapides et puissants. Né à Casablanca, Serge Haroche est reçu premier au concours de Polytechnique mais préfère filer rue d’Ulm, à l’ENS, où il est classé « seulement » troisième. Le goût du challenge, déjà. Chercheur au CNRS, professeur invité à Stanford, Harvard et Yale, il est titulaire d’une chaire de physique quantique au Collège de France, le nec plus ultra des têtes chercheuses en France. Déjà récompensé par de nombreux prix dont la médaille d’or du CNRS il y a 3 ans, Serge Haroche a déclaré s’être assis un moment lorsqu’il a appris la nouvelle mardi. L’homme de sciences n’a plus besoin de courir pour attraper la lumière. Cette fois, c’est elle qui est braquée sur lui.
Eclairage
Loin devant la médecine ou la chimie, la physique est la discipline qui rapporte le plus grand nombre de Nobel à la France. Serge Haroche est ainsi le 13e scientifique français à recevoir le Nobel de physique depuis la création du prix en 1901. En 1903, les premiers Français distingués s’appellent Antoine Becquerel et Pierre et Marie Curie. Ces 20 dernières années, 5 de nos chercheurs ont été récompensés : Pierre-Gilles de Gennes (en 1991, cristaux liquides et polymères), Georges Charpak (en 1992, particules élémentaires), Claude Cohen-Tannoudji (en 1997, refroidissement et confinement d’atomes par laser) et enfin Albert Fert, distingué en 2007 pour ses travaux sur la « magnétorésistance géante ».
Réactions