« Le Château de Fontainebleau ne doit pas rester un théâtre d’ombres de la monarchie », avait déclaré le nouveau directeur du domaine royal en 2006. Homme de parole, il vient d’inaugurer l’exposition Château de Tokyo/Palais de Fontainebleau (sic), second volet d’un partenariat avec des institutions d’art contemporain initié l’an dernier avec Picasso. Ferrari en marbre dans les jardins, balançoire à hélices dans la salle de bal et pour finir l’éléphant en équilibre renversé de Daniel Firman : au total, ce sont une quinzaine d’œuvres du Musée d’art moderne de la Ville de Paris qui ont investi la demeure Renaissance et bousculent un peu la symbolique royale, sans pour autant que François 1er ne se retourne dans sa tombe ! Bernard Notari, qui a lancé Paris Musées en 1985 et participé à la création de la Maison européenne de la photographie, préfère parler d’osmose plutôt que de confrontation et nous invite à (re)considérer le patrimoine historique comme de la création à part entière. Le rapprochement du patrimoine historique et de l’art contemporain n’est pas un phénomène nouveau. André Malraux, ministre des Affaires culturelles en 1963, avait exposé Georges Braque de son vivant au musée du Louvre, créant l’événement… et la polémique ! Cette année, avec Jan Fabre au Louvre et Karen Knorr au musée de la Chasse, l’art vivant continue d’investir les monuments et les musées d’Ile-de-France. Dans les pas de Fontainebleau, le Château de Versailles expose depuis mercredi l’Américain Jeff Koons, grand maître du néo pop et du kitsch, et accessoirement artiste le mieux côté de la planète ! Et qu’importe si le homard géant dans le salon de Mars ou le bouquet chromé démesuré dans la chambre de la Reine suscitent déjà des réactions contrastées. L’art contemporain, qui a érigé la controverse en moyen d’existence, ne pourra que s’en réjouir !
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