« Chanel a libéré les femmes, ce qui m'a permis, des années plus tard, de leur donner le pouvoir et, d'une certaine manière, de libérer la mode. » Le 7 janvier 2002, Yves Saint Laurent faisait ses adieux à la haute couture devant quelques journalistes et amis, revenait brièvement sur son parcours et lançait cette phrase, sans fausse modestie. Car Saint Laurent le dit lui-même : il a mis sa vie au service des femmes. Après des débuts flamboyants chez Christian Dior où il signe sa première collection, à 21 ans, il rencontre Pierre Bergé, qui deviendra son compagnon et son plus fidèle ami. Ensemble, ils créeront la maison Yves Saint Laurent en 1961. Cinq ans plus tard, l’éternel jeune homme aux lunettes d’écaille, né à Oran, présente son smoking pour femme. De la même manière, il fait du noir une couleur, du caban une veste haute couture et sa saharienne devient légendaire. Saint Laurent savait capter avec génie l’air du temps sans voyager beaucoup, c’était un provocateur à la coiffure sage dont le seul regret était de ne pas avoir inventé… le jean. Il s’est éteint dimanche dernier, à 71 ans. Mondialement connu, la marque Saint Laurent a tout de même connu des périodes mouvementées (il lui est arrivé de perdre deux fois son chiffre d’affaires). Aujourd’hui propriété de PPR, la maison est dirigée depuis 2005 par Valérie Hermann, qui a beaucoup misé sur la maroquinerie et les chaussures (près de 60 % de l’activité). Les obsèques d’Yves Saint Laurent ont lieu ce jeudi, en l’église Saint-Roch du 1er arrondissement de Paris. Le curé Thierry de L’Epine lui rendra hommage en présence du président Nicolas Sarkozy. Le couturier sera incinéré et ses cendres conservées dans une sépulture au milieu des jardins botaniques entourant Majorelle, la propriété qu’Yves Saint Laurent et Pierre Bergé avaient acquise à Marrakech dans les années 80.
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