Ils ont souvent l’air sévère, maussade, ombrageux ; la rigueur et la réduction des coûts depuis des années ne leur laissent plus beaucoup de marge de manœuvre pour conduire le changement, et les méthodes actuelles de management ont montré leurs limites. En rupture avec la situation de crise actuelle, un autre chemin pour faire du travail et de l’entreprise un lieu d’épanouissement individuel et collectif existe : la joie. Source d’efficacité alternative et innovante, la joie peut s’inscrire dans la nouvelle gestion du capital humain et la compétitivité de l'entreprise.
LES BÉNÉFICES DE LA JOIE POUR L’ENTREPRISE
Il existe neuf bénéfices, pour l’entreprise et ses managers, qui font de la joie une source d’efficacité et qui donne à chacun le sentiment que sa contribution au projet collectif est reconnue : trois bénéfices de puissance (énergie, passion, créativité), trois bénéfices de leadership (optimisme, rayonnement, audace) et trois bénéfices de bien-être (santé, légèreté, force intérieure).
La joie est circulaire, c’est un cercle vertueux : elle est la conséquence de situations positives, mais elle est aussi à l’origine de situations positives ; le comportement dans l’entreprise se nourrit de joie autant qu’il la crée ou qu’il l’entretient. La joie est source et ressource. Ainsi, la joie suscite l’efficacité, qui renforce la joie, qui redouble l’efficacité.
Il est indispensable de dépasser le mythe « il faut être sérieux pour réussir » pour aller vers des managers et des dirigeants épanouis !
QUESTIONS CLÉS
Les interrogations fondamentales sont :
Peut-on instaurer une entreprise rénovée qui favorise l’épanouissement de tous ses collaborateurs vers la joie ? Certains vont rétorquer que l’entreprise n’est pas un lieu de joie ; les salariés en attendraient une rémunération, certains avantages et satisfactions mais pas la joie. Les collaborateurs seraient-ils trop légers pour être connectés avec les valeurs essentielles ?
Comment faire émerger une culture d’entreprise et un mode de vie qui augmentent la joie de vivre ?
Comment faire évoluer l’entreprise pour que les quarante années qu’y vivent les managers ne soient ni résignation ni simples attitudes telles que « Je fais mon travail, point », mais s’étendent plutôt en plages de joie ?
Comment diriger pour transmettre la joie à celui qui manage et à celui qui est managé ? Comment les dirigeants peuvent-ils parvenir à un enthousiasme managérial, à la confiance que leur attitude peut donner de la joie ? Le chef dirige aussi pour donner de la joie, en même temps qu’il pilote l’entreprise et qu’il développe le chiffre d’affaires, il garde un temps pour s’interroger, parfois avec ses principaux collaborateurs, sur la joie attendue de l’entreprise.
Le dirigeant porteur de joie a déjà, dans son passé, connu de grandes réussites, et maintenant il est aussi au service de son équipe : communiquer la joie qui en découle, exhorter les managers à rechercher dans cette entreprise la joie qui leur est due. Le dirigeant dira : « Avec cette vision et ce projet, nous allons, tous ensemble, dépasser les limites des joies immédiates. »
UNE APPROCHE PERSONNELLE
Cette réflexion sur la joie dans l’entreprise est le centre de mon approche. Mon insistance sur ce thème de la joie des dirigeants est un challenge personnel pour que, à travers les échecs inévitables et les souffrances, ils aperçoivent des fenêtres et participent à ouvrir des portes.
Certes, prendre comme thème directeur la joie du manager peut sembler dérisoire à un moment où les entreprises, dans une conjoncture difficile, ont d’autres priorités. Or, je suis convaincu que, pour que les managers d’aujourd’hui consentent à faire des efforts, à respecter le minimum indispensable de règles collectives, il faut qu’ils se sentent récompensés, dans l’entreprise, par des joies tangibles.
Paul-Hervé Vintrou, président de Media Consulting Group, est l’auteur du livre Managez dans la joie au bénéfice de la performance (Vuibert, 2012).
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