Les touristes, et particulièrement les français, doivent revenir au royaume chérifien par solidarité, pour soutenir l'activité économique du Maroc et par amitié avec les Marocains.
Français et Marocains se connaissent bien et s'apprécient beaucoup. Les Français sont particulièrement solidaires des Marocains dans l'épreuve qu'ils traversent depuis le séisme survenu dans la nuit du 8 au 9 septembre. Et les Français forment le premier contingent de touristes étrangers – plus du tiers des arrivées avant la Covid-19. Il existe là un important levier d'une solidarité engagée.
Tragédie
Le séisme historique qui a fait trembler la terre dans la région d’Al Haouz a été d'une violence exceptionnelle. Nul ne peut comprendre pleinement, avant de le vivre, les émotions qui vous étreignent lorsque la terre se lève, que les murs tombent… Le bilan est déjà lourd. Et il devrait malheureusement encore s'alourdir. Paradoxalement, dans certaines grandes villes et agglomérations, les pertes sont principalement matérielles. C'est le cas de l’agglomération de Marrakech, première ville touristique du Maroc qui ne déplore "qu'une" quinzaine de morts - quinze de trop bien sûr.
La solidarité nationale a été immédiatement au rendez-vous. La population, les autorités, les organisations caritatives sont pleinement mobilisées. Les professionnels du tourisme le sont aussi, qu'il s'agisse de l'hôtellerie-restauration ou des maisons d'hôtes, les traditionnels riads.
Reconstruire sans tarder
Nous sommes bien sûr dans le temps de la solidarité, des opérations de secours, de l'aide humanitaire. Mais il faudra reconstruire vite. Le royaume chérifien est un pays résolument engagé dans la modernité, une zone de stabilité économique, politique et d'innovation dans la région, y compris en termes de tourisme durable, "qui tienne pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux, actuels et futurs, répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels de l’environnement et des communautés d’accueil", suivant la définition de l'Organisation mondiale du tourisme.
Le secteur du tourisme, qui représente 7% du PIB marocain et plus de 200.000 emplois directs et indirects, pourrait potentiellement être impacté par les conséquences du séisme, alors qu'il redémarrait depuis le début de l'année, après la levée des ultimes restrictions sanitaires liées à la Covid-19. Certes, les compagnies aériennes étrangères maintiennent leurs vols vers et à partir des aéroports marocains.
Tourisme "solidaire"
Toutefois, après la tardive reprise post-crise sanitaire, beaucoup de petits professionnels du tourisme au Maroc, propriétaires d'établissements à taille humaine, les riads, ne survivraient pas à une série d'annulations en cascade. L'enjeu est aussi celui de la protection des savoir-faire, de la redynamisation des économies locales, de la sauvegarde de tous les emplois - qualifiés ou non. Ces professionnels comptent sur les touristes français, les plus nombreux à séjourner dans leur pays.
C'est pourquoi l’une des meilleures façon pour la France et les Français de soutenir le Maroc et les Marocains, c'est aussi de maintenir et d'encourager les projets de séjour touristique dans le royaume. Plus que jamais, c'est une forme de tourisme "responsable" et "solidaire". Revenir au Maroc, à Marrakech et dans sa région, c'est un élan solidaire pour agir et soutenir, c'est l’occasion de montrer que l’espoir est ce qui anime les relations franco-marocaines, et que c’est beau quand le jour se lève après la nuit.
Bernard COHEN-HADAD
Président du think tank Etienne Marcel
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