En France, une campagne pour l’élection présidentielle devrait être un must en matière d'écoute, de débats ouverts, de rencontres avec la société civile et de propositions d’innovations publiques pour lutter contre les extrémismes et l'abstention.
A un mois de l’élection présidentielle, la “guéguerre” d’égos et de savonnage de planches à laquelle se livrent les recalés des états-majors des partis a quelque chose de futile, pour ne pas dire d’indécent. En tirant vers le bas et en exhibant leurs bisbilles, certains responsables ne font qu’apporter de l’eau au moulin des extrémismes et de l’abstention.
En France, une campagne pour l’élection présidentielle devrait être un must en matière de débats ouverts, de rencontres avec la société civile et de propositions d’innovations publiques.
Les chaines d'information sont devenues incontournables
Le nombre de débats avec les candidats sur les chaînes d’information en continue est frappant. La médiatisation quasi intégrale de meetings militants pas toujours dignes d’intérêt, sauf pour les convaincus, les convertis et les prosélytes, interroge. Et nous traquons la petite phrase assassine à retenir souvent faute de mieux. Quant aux porte-paroles, leurs discours aplanis, lissés et uniformisés par les communicants et la crainte de toute formule spontanée qui puisse porter préjudice à leur champion, aboutit à des positions et des propos sans génie et sans saveur. Paradoxalement, seuls les débats avec des citoyens sur le plateau, les échanges parfois détonants des chroniqueurs de la société civile, ou des animateurs qui se sont libérés des convenances, sont aujourd’hui une issue aux monologues ou aux discours d’intentions. C’est pourquoi faire aux médias le procès du sensationnel est un leurre. Le sensationnel, nous en redemandons dans une élection présidentielle car elle n’est pas une élection comme les autres. Et c’est donc grâce aux journalistes, aux panélistes, aux interviewés en plateau ou à distance que nous arrivons à sortir enfin des petites phrases, à s’affranchir des postures figées, pour retrouver un semblant de parler vrai !
Gouverner n’est pas une sinécure
L’illusion de proximité que donne la médiatisation personnalisée des personnages publics, les détails multiples sur leur vie nous trompent sur notre capacité à leur ressembler. La classe politique doit être faite de citoyens comme les autres.
Mais ne mélangeons pas tout, diriger un pays, gouverner un Etat comme la France n’est pas une sinécure, ni à la portée de tout un chacun. Pierre Mendes France avait cette belle formule: gouverner c'est choisir ! En effet, Président de la République, non vraiment, ce n’est pas un job comme les autres même si on a réussi à obtenir les 500 signatures. Et le président (ou la présidente) de tous les Français ne peut être que le meilleur, le plus affuté, le plus responsable, voire le plus généreux d’entre-nous pour se tenir au-dessus des écuries, des clans et des camps. Quant au quinquennat, il a renforcé la présidentialisation de notre régime et - couplé à la médiatisation et à la personnalisation susmentionnée de la politique - a accru mécaniquement l'hyper-présidence. Aujourd’hui, le président préside et gouverne tout à la fois.
Réformer sans tout chambouler
Les différents mouvements citoyens que nous avons vécus et subis ces dernières années et qui ont pénalisés notre vie économique, l’angoisse de ces 24 derniers mois de crise sanitaire, l’inquiétude de la crise ukrainienne ne doivent pas nous éloigner de l’essentiel : réformer notre pays, changer les pratiques institutionnelles et promouvoir une société plus juste.
Dans nos territoires, nous avons besoin de plus d’équité, de plus de libertés économiques et de tourner la page d’une écologie punitive qui n’a pas de sens. Préférons l’écologisation de la politique à la politisation de l’écologie. Oui, les Français veulent du changement, de la transparence, ils savent aimer ceux qui les font rêver mais ils tiennent à protéger leurs acquis. Redonner du sens à nos vies dans les territoires, promouvoir l’emploi des jeunes et des seniors, promouvoir l’accès aux soins et à la culture du plus grand nombre, travailler à améliorer la qualité de vie au travail dans les entreprises… : est-ce vraiment trop demander ?
C’est tout l’enjeu des échéances électorales à venir !
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