Régulièrement, le Who's Who donne la parole à une personnalité. Le principe est simple : 3 questions, 3 réponses.
Quelques mots ou plusieurs lignes, libre à chacun d'y répondre selon son inspiration.
Il a réalisé une entrée en littérature remarquée en 2014 avec Aux animaux la guerre (qui obtint notamment le prix Erckmann-Chatrian et le prix Transfuge du meilleur espoir Polar 2014). Quatre ans plus tard seulement, c'est la consécration : Leurs enfants après eux, paru chez Actes Sud, obtient le prix Goncourt 2018.
En ce début 2022 parait, toujours chez Actes Sud, son nouveau roman : Connemara. "Connemara c’est cette histoire des comptes qu’on règle avec le passé et du travail aujourd’hui, entre PowerPoint et open space. C’est surtout le récit de ce tremblement au mitan de la vie, quand le décor est bien planté et que l’envie de tout refaire gronde en nous. Le récit d’un amour qui se cherche par-delà les distances dans un pays qui chante Sardou et va voter contre soi."
Un livre que les critiques annoncent déjà comme l'un des grands romans français de cette année.
J'essaie de ne pas me raconter mon histoire comme une carrière. C'est une manière de voir les choses qui induit déjà toutes sortes de biais, l'idée d'une progression continue, d'un chemin de réussite, etc. J'ai fait six ans d'études supérieures assez anarchiques, sans jamais envisager d'apprendre un métier. J'ai exercé des tas de fonctions, en ayant toujours plus ou moins l'impression d'être un imposteur. Je n'ai pas fait carrière. Je me suis efforcé d'aménager ma vie pour écrire, lire, faire des choses dont j'estime qu'elles ont de la valeur.
Ce dont je suis fier, ce sont des trucs plus localisés. Avoir fait une bonne matinée d'écriture. Avoir le sentiment que j'ai rendu dans un paragraphe quelque chose de juste. Ou passer une soirée avec des potes sans prendre une énorme mine.
J'aurais aimé savoir dessiner, peindre. Comme plein de gens qui passent leur vie à bosser dans un lieu clos et assis sur une chaise, certaines vies de grand air me font rêver.
Je fantasme aussi pas mal le quotidien de Gilles Pudlowski, le critique gastronomique, que je suis sur Insta. Le mec passe sa vie dans les meilleurs resto à manger et boire ce qui se fait de plus délicieux sur cette terre. De loin, ça semble être une existence assez délectable.
A l'adolescence, j'en ai eu beaucoup. J'avais un énorme poster de Gainsbourg au-dessus de mon lit. J'en avais quelques-uns de Schwarzenegger aussi.... Il y a eu Rimbaud, Sartre, Rocky bien sûr.
La personnalité de Pialat a pas mal compté également. Il a réussi à faire des films sur le tard, et en a conçu un certain dépit. Je m'identifiais beaucoup à lui entre 30 et 40 ans. Je ressentais moi aussi la hantise d'être un raté, au sens où il aurait pu y avoir une sorte d'investissement en pure perte. J'aurais pu écrire et n'être pas taillé pour ça. C'est si long et incertain ce parcours. On se demande si on sera armé un jour...
Aujourd'hui, carrément moins. Je trouve que cette affaire-là, les role models, les icones, c'est un peu un moment infantile de la construction de soi. J'aurais tendance à davantage admirer des actes ou des œuvres, que des personnes. Bon après, quand je vois jouer Erling Haaland, j'avoue que mes yeux s'écarquillent tout de même assez.
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