Mise en place en octobre 2008 mais pleinement opérationnelle en janvier 2019, la Médiation du Crédit aux Entreprises est un organisme un peu à part. Sa légitimité repose sur une « convention ». Souvent sur la sellette à l’occasion d’un changement politique voire d’un mouvement d’humeur des lobbies, ce « dispositif » fête ses 10 ans. Mais la Médiation du Crédit est plus qu’une structure. C’est un Médiateur; c’est aussi l’implication nouvelle de la Banque de France auprès des TPE ; c’est enfin encourager le dialogue entre les banques et les PME.
Pas de bonne Médiation sans un bon Médiateur
La Médiation du Crédit aux Entreprises c’est, bien entendu, des médiations régionales dans les territoires. Mais c’est d’abord un bon Médiateur La période la plus emblématique de la Médiation est celle qui va de sa création à septembre 2009. Période douloureuse pour les entreprises en recherche de financements avec plus de 160 000 cessations d’activités sur un an. Une Médiation de fondation et de combat, grâce aux actions de René Ricol, où il a fallu s’adosser à l’Etat, tout construire, bousculer les conformismes et se battre pour imposer une nouvelle vision du soutien aux TPE-PME fragiles, en période de crise. Gérard Rameix a dirigé, ensuite, cette structure dans une période qui restait compliquée. Ce fut une Médiation de gestion où les banquiers, les assureurs-crédit et les entrepreneurs ont appris à se rencontrer et même à se comprendre. Puis, Jeanne-Marie Prost en a pris les rênes alors que l’on n’attendait pas une femme à ce poste. Son bilan : actions en profondeur, vraie écoute et une solide détermination pour aller à l’essentiel PME. Depuis, la Médiation a suivi son chemin.
La Banque de France impliquée sur le terrain TPE et PME
Depuis juillet 2018, la Médiation du Crédit n’est plus un « accord de place » comme les précédents même si le dispositif est reconduit jusqu’en 2020 et les missions principales du nouveau Médiateur, Frédéric Visnovsky, restent les mêmes. Elle est désormais « adossée » à la Banque de France. Ce changement n’est pas apparent pour les non initiés. Et il ne s’agit pas d’une révolution de palais. C’est plutôt une évolution nécessaire liée à la conjoncture. La baisse significative des saisines de la Médiation est patente. On est passé de 16 864 saisines en 2009 à 2 302 saisines en 2017. C’est aussi répondre aux attentes des PME qui ont besoin d’être mieux accompagnées en amont. En effet, on ne veut plus voir arriver en médiation des PME, en phase terminale ! Car pour elles, le sauvetage est impossible. Renforcer dans les territoires les pôles d’écoute des entreprises en difficultés, même temporaires, est prioritaire. La Banque de France a mis en place, aussi il y a 18 mois, des « Correspondants TPE » dans tous les départements. Renforcer l’accompagnement c’est aller dans le bon sens.
Prioriser les bonnes relations banques-PME
On ne le répétera jamais assez, les bonnes relations banques TPE-PME sont au cœur de la problématique du financement des entreprises en difficultés. C'est pourquoi, il faut tourner la page des idées reçues ! D’autant que les chiffres ne mentent pas : 84 % des PME obtiennent aisément des crédits de trésorerie en 2018. Et même si certains projets délicats, non viables, ne sont pas financés, les établissements financiers et les assureurs crédits jouent désormais le jeu. Preuve en est, en décembre 2018, en pleine crise des Gilets Jaunes, avec la réaction rapide de la Fédération Bancaire Française auprès des organisations patronales pour débloquer en urgence des crédits de trésorerie PME. Mais chacun sait qu’en matière de financement des TPE-PME le rapport de forces restera toujours léonin. C’est pourquoi il faut maintenir une Médiation du Crédit ouverte, étayer les relations banques-PME et garantir cet équilibre fragile. La confiance entre les banques et les entreprises se construit dès aujourd'hui pour demain.
Bernard COHEN-HADAD
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