Pour la troisième année consécutive, Christie’s a annoncé pour 2012 un total de ventes record avec 4,7 milliards d'euros, soit une augmentation de 10 % par rapport à 2011. La nouveauté cette année : 19 % des enchères ont été placées par des nouveaux acheteurs, grâce aux technologies, qui facilitent l’accès au marché à tous les niveaux de prix.
Art contemporain
Le secteur de l’art contemporain et d'après-guerre continue de se renforcer. Les ventes 2012 sont en progression de 34 % par rapport à l’année précédente. En mai dernier à New York, Orange, Red, Yellow de Mark Rothko a réalisé le prix le plus élevé pour une œuvre d’art contemporain aux enchères : 65,3 millions d'euros. L’intérêt pour cette spécialité se développe aussi à un niveau plus accessible, puisqu’une hausse de 14 % a été enregistrée parmi les enchérisseurs pour des œuvres de moins de 120 000 euros. Ces chiffres reflètent clairement la place prise par l’art contemporain au cours des 5 à 10 dernières années. Elle se reflète aussi bien dans le monde des enchères, que dans la fréquentation accrue des musées, galeries et foires de l’art.
Asie
En Chine, c'est l'essor des prix pour des artistes modernes et contemporains qui a été le moteur principal de la croissance des dernières années. Le tableau des ventes cumulées par artiste aux enchères en a été bouleversé. En effet, en 2008 cette liste de 20 noms ne comprenait que des artistes occidentaux avec, en tête, Picasso (1881-1973), dont 1 764 œuvres avaient atteint un total de plus de 195 millions d'euros aux enchères. En 2011, on trouve 11 artistes chinois, avec Zhang Daqian (1899-1983) en tête (1 371 œuvres pour 417 millions d'euros) et Picasso n'arrive qu'en... 4e position. Par ailleurs, la liste des 10 artistes vivants les plus importants dans le monde comptent aujourd’hui deux autres plasticiens chinois : Zhang Xiaogang (né en 1958) et Zeng Fanzhi (né en 1964).
Ces changements illustrent parfaitement l'essor phénoménal qu'a connu le marché des ventes aux enchères à Hong Kong et à Pékin. Alors qu'il y a 5 ans il était encore au stade embryonnaire, on recense en Chine aujourd'hui plus de 450 maisons de ventes aux enchères, dont Poly et Guardian sont les plus importantes. D'ailleurs, le Conseil des ventes volontaires, qui régule le marché des enchères en France, a constaté que sur les 20 premières maisons, 11 sont chinoises, dont 6 parmi les 10 premières.
Chez Christie's, cette évolution s'est traduite par un nouvel équilibre au niveau international, avec des résultats en Asie représentant 19 % de nos ventes globales, comparé à juste 3 % en 2008. L'Asie abrite désormais des événements majeurs dans l'art et les enchères, avec Hong Kong comme pôle principal, au même niveau que Londres et New York.
L’art comme investissement ?
Dans un contexte économique mondial incertain, cet essor du marché de l’art international peut sembler offrir des opportunités intéressantes. En effet, les œuvres d’art ont souvent été considérées comme des valeurs refuges, qui peuvent être un bon placement à moyen terme.
Pourtant, chez Christie’s, nous ne rejoignons pas la position de certains conseillers qui recommandent l'art comme un investissement. En effet, il est quasi impossible de prédire l’évolution à venir. De plus en plus d’études et d’indices, tels que le Mei Moses Index, établissent des tendances pour les prix de l’art et les comparent à d’autres formes d’investissements. L’analyse des résultats aux enchères peut sans doute faire ressortir certaines orientations, mais elles ne peuvent être qu’un indicateur. Elles ne peuvent remplacer une connaissance approfondie du marché, basée sur des années d’expérience, comme celle des spécialistes qui suivent ces secteurs (il y en a plus de 70) de très près. Le concept de « valeur » dans le marché de l’art est un sujet complexe. Les œuvres d’art sont souvent uniques et défient donc les études statistiques des analystes dans les secteurs financiers ou industriels, l'art étant un actif compliqué à analyser.
Le nouveau monde de l’art
Il évolue à une vitesse phénoménale. La géographie du marché se transforme, et avec elle, le profil des acheteurs, Internet ouvrant chaque jour la porte à de nouveaux amateurs. En novembre 2012 à New York, une œuvre majeure de Edward Hopper (1882-1967), October on Cape Cod, a ainsi été adjugée 7,2 millions d'euros à un collectionneur enchérissant sur le net. Cette enchère électronique record en dit long sur les possibilités de développement de ce secteur passionnant, qui semble se réinventer à chaque génération.
Président Christie's Asie
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