Les milliards nécessaires pour équilibrer le budget, espérés mais pas encore versés, ne feront au mieux qu’augmenter un endettement public déjà considérable, au pire rendre le pays encore plus dépendant qu’il ne l’est aujourd’hui de l’aide extérieure.
L’austérité s’aggrave, le chômage augmente, alors que la crise a fait des banques espagnoles, dont les actifs immobiliers invendus ont été saisis à des entreprises ou des particuliers incapables de faire face à leurs dettes, les premiers propriétaires du pays.
Après la chute du marché de la construction et les conséquences qu’elle a entrainées, le tourisme, qui restait le seul secteur d’activité rentable, est aujourd’hui en récession.
L’Espagne reste un pays fragile et divisé et qui, à force d’ignorer les démons de son passé, n’a pas su préparer son avenir.
Pendant que le gouvernement espagnol peine à trouver des solutions pour sortir de la crise, certaines régions réclament, sous prétexte de justice fiscale ou d’égalité économique, une plus large autonomie et menacent chaque jour un peu plus un Etat déjà faible en revendiquant un improbable désir d’indépendance, alors que le souvenir du terrorisme est encore dans tous les esprits.
L’autorité morale du Roi, qui était jusqu’alors incontestable et respectée, est aujourd’hui contestée y compris dans les rangs du parti conservateur au pouvoir et elle s’est vue considérablement affectée par l’implication de certains membres de la famille royale dans des scandales à l’effet dévastateur.
Après avoir été l’un des plus grands empires modernes, avant de disparaitre puis de s’effondrer pour ne renaître que beaucoup plus tard, au gré des soubresauts d’une histoire récente et tragique, le pays revit la fin du Siècle d’Or mais sans avoir tiré les leçons du passé, ni celles de l’intégration européenne, dont il était pourtant considéré pendant longtemps comme le modèle du « miracle économique ».
Les dangers actuels de l’austérité, indispensable pour rétablir la crédibilité des comptes mais périlleuse pour la croissance sont connus. Cependant, le gouvernement n’aura d’autre choix que de dire la vérité et de pratiquer une politique impopulaire.
Il s'agit de faire accepter des coupes budgétaires sans précédent, dans un pays ou chaque jour les Espagnols, et pas seulement les Indignés, décident de plus en plus nombreux de quitter leur terre pour tenter un meilleur avenir, ailleurs.
Ce sera la rigueur, mais elle n’évitera peut-être pas le pire. Car le pire pour l’Espagne ne serait pas seulement la faillite.
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