La campagne pour les élections européennes va commencer. Et l’Europe sera sur le banc des accusés. Pourtant les réalisations positives ne manquent pas, à commencer par notre liberté de circuler en Europe et notre monnaie unique, l'euro. Les voix qui tenteront de plaider en sa faveur seront couvertes par les réquisitoires anxiogènes. C’est pourquoi, dans le contexte des poussées nationalistes et de la sortie du Royaume-Uni de la Communauté européenne, il est indispensable de rappeler avec conviction notre attachement pour une Europe généreuse.
Circuler librement
On a tendance à l’oublier, on peut circuler librement en Europe ! Cela n’a pas toujours été le cas. Pas besoin de passeport, de visa, de document administratif consulaire pour se déplacer d’un pays à l’autre quand on est un citoyen d’un Etat membre. Nos patrons de PME, les salariés de nos entreprises en bénéficient chaque jour dans le cadre des échanges commerciaux avec des entreprises ou échanges avec des institutions européennes. Et s’il nous arrive d’avoir à présenter un document d’identité, ce n’est pas pour des obligations douanières mais de sécurité, comme sur le territoire national. Pas besoin non plus d’extension du permis de conduire pour se déplacer ni d’autorisation de travail pour être embauché. Et ce qu’il convient de souligner, c’est que dans nos entreprises de plus en plus des salariés, femmes ou hommes, dans le secteur commercial, viennent d’un pays européen et parlent couramment le français. Alors que 49 % de nos PME sont à la recherche d’une main d’œuvre qualifiée, 39 % des PME ont recruté dans le cadre du développement de leur activité à l’export. Cette main d’œuvre qualifiée est ainsi une opportunité. Nombre de salariés français, sans évoquer les frontaliers travaillent aussi dans des entreprises européennes en dehors de l’hexagone. Alors, circuler librement en Europe est devenu maintenant tellement naturel que l’on a tendance à l’oublier. Cette liberté essentielle de « l’espace Shengen » nous devons la protéger.
Une monnaie unique
L’un des objectifs de la construction européenne a été la création d’un grand marché unique. Et si la Communauté économique éuropéenne (CEE) n’a pas toujours été attentive à la situation des TPE PME, la mise en place de l’euro a permis, en revanche, de mettre les grandes entreprises et les petites sur un pied d’égalité en supprimant les frais de changes. Et contrairement à une idée reçue ce n’est pas « l’euro qui a augmenté les prix ». Les coûts des marchandises européennes « importées » n’ont pas été chargés des frais relatifs à la conversion des monnaies nationales. Reconnaissons aussi qu’avec l’euro c’est quand même plus facile. En Europe, que l’on soit chef d’entreprise ou consommateur, on n’a plus besoin d’avoir l’agrégation de mathématiques pour savoir immédiatement que le prix du produit ou du service que l’on vous propose est, ou n’est pas, une bonne affaire. D’autre part, l’euro a mis fin aux politiques monétaires nationales désastreuses qui permettaient aux Etats endettés, en difficultés économiques et politiques, de dévaluer leur monnaie. Une pratique monétaire du « sauve qui peut » pour se donner un peu d’oxygène sur les marchés, gagner artificiellement en compétitivité et promouvoir, de fait, des actions de concurrence déloyale vis-à-vis des entreprises des autres pays européens. Et oui, l’euro a mis fin à tout cela.
Et ils ne manquent pas les exemples en matière de politiques régionales, de formation, d’environnement, d’enseignement, de recherche mais aussi d’échanges culturels et artistiques pour montrer que, depuis sa création, l’Europe a progressé et qu’elle est devenue de plus en plus nécessaire à nos vies, à nos familles et à nos entreprises. Avec toujours cette difficulté d’exprimer clairement un mécanisme complexe, difficilement saisissable et pourtant indispensable à notre environnement quotidien. L’Europe, c’est un peu comme l’air que l’on respire.
Bernard COHEN-HADAD
Président du Think Tank Etienne Marcel
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