« L’exemplarité n’est pas une façon d’influencer, c’est la seule ». Albert Schweitzer (1875-1965), prix Nobel de la Paix en 1952.
Ce propos d’un grand médecin et théologien, bienfaiteur de l’humanité en Afrique, fondateur de l’hôpital de Lambaréné au Gabon, méritait bien d’être placé en exergue.
Nous tenons à remercier pour leur sens du dialogue, leur disponibilité et leur apport constructif, deux hautes personnalités qui nous ont permis de partager des belles pages sur le thème de l’exemplarité. En rédigeant la préface et la postface d’un ouvrage éponyme publié par Lauvah Edition. En voici les éléments essentiels.
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Dans sa préface, Joël Broquet, président délégué du Carrefour des Acteurs sociaux, membre fondateur et président du partenariat eurafricain, s’attache à montrer « les liens nécessaires entre exemplarité et amitié sincère ».
L’exemplarité est une valeur qui est trop souvent galvaudée, dans la vie de l’entreprise comme dans la vie politique. Galvaudée lorsque l’on tombe dans des excès comme « la frime », l’exhibitionnisme ou l’arrivisme. Chaque semaine, nous en trouvons des exemples édifiants (c’est le cas de le dire !) dans la rubrique « Ma binette partout » de notre irremplaçable Canard enchaîné !
Dans la vie professionnelle comme dans la vie politique, des pervers narcissiques ont trop souvent tendance à se présenter en exemple pour accélérer leur carrière, ou simplement assouvir leurs instincts tyranniques.
Il est donc très important de bien juger, et de chercher toujours à promouvoir une véritable exemplarité. Celle qui est au service exclusif de l’intérêt général, bien au-delà de tous les intérêts particuliers. Et notamment dans la vie de l’entreprise comme dans celle des services publics.
Cette exemplarité véritable, il importe donc de la préserver, d’en favoriser le développement, et surtout de s’assurer de sa sincérité en toutes circonstances.
Pour cela, il importe d’agir dès l’école et la première éducation. C’est à la fois le rôle des parents et celui des professeurs. Puis au collège et au lycée peuvent se développer des amitiés… qui souvent dureront toute la vie et se renforceront. Pourront devenir rayonnantes. Grâce notamment à une bonne compréhension et à un bon usage de l’exemplarité. Donc un thème prioritaire pour tous les éducateurs.
Souvenir nostalgique : il fut un temps où l’on récompensait largement le « premier de la classe », mais aussi où l’on distribuait des « prix de la camaraderie » ou « prix du sourire » ou « prix de la bonne humeur » !
Ou encore « prix de la bonne volonté » ou « prix de la motivation ».
Dans la vie professionnelle, l’exemplarité, comme l’amitié sincère, sera toujours productive, notamment au sein des équipes de travail. La culture d’entreprise digne de ce nom devra permettre d’éviter aussi bien le corporatisme ou les phénomènes de clans que les rivalités personnelles exacerbées.
Au plus haut niveau, il revient aux dirigeants, et à tous les citoyens, de promouvoir et respecter l’amitié entre les nations. En adoptant toujours une conduite exemplaire. Et même maintenant, en ces temps de mondialisation (même si elle est souvent fragile, voire bien malade !) en s’attachant à promouvoir l’amitié entre les continents.
Soulignons l’intérêt des diasporas qui, lorsqu’elles sont bien conçues et bien conduites, constituent des ponts entre le Nord et le Sud, et permettent de multiplier les amitiés fraternelles et productives. Et favorisent les manifestations d’exemplarité de la part des cadres les mieux formés. Bien mettre en valeur les réussites les plus méritoires. A la fois en France et en Afrique. L’exemplarité va constituer alors un « retour d’investissement » vraiment très productif.
***Lors des petits concours sur « votre mot préféré » ou « le plus beau mot de la langue française », le mot « partage » est très souvent cité, et classé en très bonne place.
« Partager », c’est bien le maître-mot du destin personnel comme des relations humaines : la condition première de leur existence, et la clé de leur succès.
L’amitié, plus elle se partage et plus elle se multiplie.
Il en va de même de l’exemplarité.
***Et dans la postface du même ouvrage, Jean Sousselier, polytechnicien créateur et dirigeant d’entreprises, président des X- mines auteurs, souligne que l’exemplarité peut être en fait, comme la langue d’Esope, la meilleure et la pire des choses. Il convient donc de bien apprécier ce phénomène, afin d’en tirer le meilleur parti dans la vie de l’entreprise et au bénéfice de la société. Voici ses bonnes pages…
Sénèque avait déjà remarqué l’efficacité de l’exemple : « Longue est la route par le précepte, courte et facile par l’exemple ». Il peut s’agir de bons exemples (tel homme s’est montré courageux face à un danger), ou de mauvais exemples (tel autre a basculé dans l’alcoolisme, l’inertie ou la corruption), mais également d’actes ou de propos n’ayant aucune incidence morale, mais simplement une efficacité ou une utilité matérielle (comme par exemple le livre d’un milliardaire expliquant comment il a fait fortune en bourse).
Et l’importance de l’exemplarité réside dans ce phénomène bien connu qu’est le mimétisme social, qui est le fait universel de se conformer inconsciemment à quelqu’un d’autre. Tout exemple a donc tendance à être suivi, qu’il soit bon ou mauvais, et cela sans que la volonté intervienne. Rabelais nous en a fourni un très bon témoignage avec ses moutons de Panurge.
Dans une famille où le père et la mère fument et boivent, les enfants ont plus de chance de fumer et de boire que dans une famille sobre. Et La Rochefoucauld a écrit : « Rien n’est si contagieux que l’exemple ».
Explicitons un peu comment fonctionne l’exemplarité : elle nécessite un émetteur (celui qui donne l’exemple), un objet (l’exemple) et un récepteur (celui qui y est exposé).
L’émetteur d’abord : il faut noter qu’il n’est pas forcément un chef, ou une personne de prestige. Dans une PME dynamique, il avait été remarqué que l’employé de plus bas niveau, à savoir le coursier de l’entreprise, témoignait d’une ponctualité et d’une disponibilité permanentes, auxquelles les autres employés étaient extrêmement sensibles. Cependant, il va de soi que l’exemplarité est d’autant plus suivie que l’émetteur aura plus de prestige ou d’autorité.
L’exemple ensuite : il peut être bon ou mauvais. Dans les deux cas il sera sans doute suivi : selon que le chef de service arrive à l’heure au bureau ou qu’au contraire il prenne des libertés abusives avec l’horaire, il y a de bonnes chances que ses collaborateurs l’imitent. C’est ainsi que l’exemplarité peut être la meilleure ou la pire des choses, selon la qualité des exemples.
Quant au récepteur, il est bien entendu plus ou moins influençable. Il n’y a pas unanimité des réactions, mais propension plus ou moins grande à suivre l’exemple. Si l’officier accomplit un acte de courage, cela n’entraîne pas que tous ses hommes seront courageux au combat ; néanmoins ils le seront en moyenne beaucoup plus que si l’officier s’était montré lâche.
Quels enseignements tirer de ces présentes réflexions ? D’abord, c’est que si tout un chacun peut être un émetteur d’exemplarité, le chef (noblesse oblige) se doit de l’être, et donc d’agir en conséquence. Et il devra prendre soin, autant que possible, de se montrer comme quelqu’un qui y attache l’importance qu’elle mérite, qui est conscient de ses conséquences, et qui bien entendu se positionne du côté positif de la valeur : politesse, écoute des autres, ardeur au travail, etc.
Pour conclure, au plus haut niveau, voici un noble propos du plus grand génie scientifique du XXe siècle, Albert Einstein (1879-1955), prix Nobel de Physique en 1921 : « Seul l’exemple de personnalités grandes et pures peut conduire aux nobles conceptions et aux nobles actions ».
Puisse ce propos inspirer maintenant tous nos dirigeants, dans le monde politique comme dans la vie économique et sociale ou dans les relations internationales.
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