Alors que le mois de janvier est la période traditionnelle des vœux et que ceux de nos édiles de gauche comme de droite vont vers les PME, on se demande si, dans la réalité des choses, ils sauront mettre à l'honneur les talents...
Mettre en valeur les entreprises en France et la qualité de ce que nous fabriquons, le courage et la réussite des reprises, ou des transmissions, n’est pas dans notre culture même si les politiques vantent les mérites des entrepreneurs, et du monde agricole, à chaque événement des organisations patronales, à chaque salon de l’agriculture. Est-ce suffisant, bien entendu, non ! Dans la mondialisation, la France ne doit pas tourner le dos à ce qui se conçoit, se produit et fait quotidiennement la particularité dans nos régions.
Quand on est entrepreneur, affirmer ce que l’on est et croire à ce que l’on fait, même dans un petit village, n’est pas une tare. Cette attitude positive est même fondamentale pour la relance et pour l’emploi de proximité d’autant que dans le cadre de notre engagement européen, on ne peut laisser un sujet comme celui de la promotion de nos savoir-faire et de la préférence nationale aux polémiques politiciennes qui prônent la sortie de l’Union Européenne, le retour au Franc et la fermeture de nos frontières. La fierté économique doit sortir du placard où on la range. Elle peut créer les conditions d’un développement positif de nos entreprises en France, en simplifiant nos normes, en allégeant notre fiscalité, en améliorant notre dialogue social, en ouvrant les yeux sur les freins qui ralentissent notre compétitivité. Ainsi, les entreprises pourront bénéficier d’un environnement serein, réorienter leurs investissements en France, développer et valoriser leurs relations avec nos PME, et créer de la richesse pour l’emploi.
Aujourd’hui notre société vit dans la morosité. Elle ne croit plus à grand-chose. Nos citoyens se sentent politiquement abandonnés et économiquement paupérisés. Les entrepreneurs attendent, pour se développer, la réalité de la stabilité et plus de libertés économiques. Et personne de responsable ne souhaite faire place à un ultra libéralisme carnassier. Il faut réaffirmer nos valeurs. Le « made in France » doit sortir des discussions de salons ou de la martingale que l’on met en avant pour faire, un bref moment, la une des magazines. Il s’exprime quotidiennement par les TPE-PME ancrées dans les territoires. Celles qui jouent le jeu de l’économie de proximité, ne délocalisent pas leur savoir-faire ni l’emploi.
Mais n’opposons pas les PME et les grandes entreprises. Elles sont complémentaires, Nos grandes entreprises françaises savent réussir à l’international, elles ont des moyens. Elles peuvent montrer l’exemple. C’est justement dans la mondialisation qu’elles doivent se souvenir qu’elles appartiennent à une communauté de destin.
Face à la concurrence internationale, devons mettre avant la « qualité France ». Créer, sans honte, un environnement économique favorable. Les PME marchandes et nos grands groupes ne peuvent pas perdre de l’argent sur notre territoire au seul motif que leur activité est en France. Le patriotisme économique ce n’est pas plomber nos entreprises et « compliquer la vie » de celles qui pourraient s’installer en France. Tout doit être mis en œuvre pour que nos entreprises puissent améliorer leurs marges en France. La question de la souplesse de l’emploi doit avancer sans passions. On en est loin. Nous devons aussi avoir un vrai débat sur les rémunérations de nos patrons pour attirer les compétences. Les organisations patronales ne doivent pas craindre d’affirmer fortement leurs engagements. Et le code de bonne conduite AFEP-MEDEF doit trouver son expression et son application.
Promouvoir nos produits, valoriser nos compétences, accompagner les repreneurs, accepter l’entreprise telle qu’elle est réellement c’est promouvoir le vrai changement et élargir l’idée du partage. Nos amis allemands, dans la tradition de l’ordo-libéralisme, portent une grande attention au « Rahmen », le cadre, l’environnement des entreprises. Chez nous, une partie des patrons, et beaucoup de notre jeunesse qui entreprend, l’ont compris. Ils s’investissent à redonner vie ou à développer ce qui fait, une tradition, un bon produit ou un bel ouvrage. Et Il y a une nouvelle clientèle, en France et à l’international, à la recherche de plus d’authenticité, du fait main, et de vraies saveurs. C’est pourquoi, il faut continuer les réformes, être novateur et créer, en France, les conditions économiques et sociales de la dynamique entrepreneuriale. Et qui sait pouvoir dire demain « heureux comme un entreprise en France ».
Bernard Cohen-Hadad
Associé-gérant de BCH Assurances
Président de la commission financement des entreprises de la CGPME
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