Aujourd’hui, en France, nous avons tous les moyens d’être en bonne santé bucco-dentaire. Pourtant, ce n’est pas le cas. Les Français négligent leurs dents, et donc leur santé en général.
Faut-il rappeler que quatre Français sur dix ne vont pas chez le chirurgien-dentiste ; qu’une carie non soignée ou une gencive malade sont de véritables portes d’entrée pour les bactéries ou les toxines nuisant à notre santé globale ? Faut-il rappeler que les enfants d’ouvriers ont six fois plus de risques d’avoir des caries que les autres enfants ; que la plupart de nos anciens souffrent de leur dentition délabrée ; que les plus fragiles s’éloignent de plus en plus du système de santé ?
Les pathologies dentaires concernent tous les Français à tous les âges. L’impact de la santé bucco-dentaire sur la santé générale n’est plus à démontrer. Maladies cardio-vasculaires, maladies chroniques… l’impact de la mauvaise santé de nos dents peut être dramatique. Citons, parmi les autres risques dont nous parlons peu, celui d’accouchement prématuré, qui est trois fois plus élevé chez la femme enceinte atteinte d’une maladie parodontale, ou encore celui de malnutrition ou de carence alimentaire, facteur de morbidité chez les personnes fragiles, lié à la perte des dents et à l’édentement.
Les caries ne sont pas une fatalité. La mauvaise santé bucco-dentaire non plus. Si nous adoptions les bons comporte- ments dès le plus jeune âge – deux brossages de dents pour jour, une visite annuelle chez le chirurgien-dentiste – nous n’en serions pas là. Oserons-nous passer un jour d’une logique de politique de soins à une logique de politique de santé ? Nos élus ne s’impliquent pas davantage dans des sujets à grande portée en terme de prévention comme la mise en place d’un véritable parcours santé grâce à des examens de prévention tout au long de la vie, la taxe soda, la baisse de la TVA sur les produits d’hygiène bucco-dentaire, entre autres. Nous savons tous qu’agir vers plus de prévention, dès le plus jeune âge, c’est agir pour une meilleure santé des Français et dépenser moins.
La santé bucco-dentaire est un des meilleurs indicateurs des inégalités dans nos sociétés. Certains parlent même des « sans-dents » comme de la pire misère. Oui, aujourd’hui, les faits sont là. Victimes du cliché « dentiste trop cher », et insuffisamment sensibilisés aux comportements et aux soins préventifs, les Français ne consultent qu’en cas d’urgence et certaines catégories sociales les plus fragiles et dépendantes sont de plus en plus éloignées des par- cours de soins. Pourtant, plus de 96 % de la population en France dispose d’une couverture santé complémentaire qui rembourse intégralement les soins dentaires conservateurs courants.
Les interventions lourdes et les coûts qui en découlent pourraient être évités si les patients se rendaient au moins une fois par an chez le chirurgien-dentiste et que celui-ci avait réellement les moyens d’assurer une bonne santé bucco-dentaire à tous ses patients. Renforçons auprès de nos chirurgiens-dentistes les moyens d’agir, en matière de prévention et de soins précoces, pour qu’ils soient les véritables relais de proximité de la santé des Français sur nos territoires, dans les écoles, au sein de nos entreprises, auprès des autres acteurs de santé…
Gommons cette mauvaise image des chirurgiens-dentistes et les messages négatifs qui leur sont associés afin que chacun se rende régulièrement chez son dentiste.
Inscrivons la santé dentaire dans le parcours santé de tous les Français et invitons la santé bucco-dentaire dans tous les foyers.
Il s'agit d'une priorité de santé globale, car on ne peut pas être en bonne santé si on n'est pas en bonne santé bucco-dentaire.
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