Pour une planète plus intelligente

Et le phénomène ne fait que commencer. Depuis deux ans, en effet, nous avons accumulé autant de données que depuis le début de l’humanité !

Le flot d’informations à notre disposition pose aujourd’hui la question : comment donner du sens à ces données ?

Avec le développement des réseaux sociaux, les paroles ne s’envolent plus, elles restent. Spontanées, elles constituent un prodigieux gisement d’informations fiables. Plus que dans tout sondage ou groupe qualitatif, hors de tout questionnement, elles sont sincères. Dans la blogosphère, des centaines de millions d’internautes enrichissent  chaque jour ce réservoir.

Un réservoir que nous pouvons mettre à profit pour répondre aux enjeux les plus divers du monde contemporain.

Plusieurs réalisations concrètes sont déployées dans divers secteurs.

Dans la distribution, nous savons aujourd’hui gérer les réassortiments de grandes chaînes multinationales. Les consommateurs ne cherchent pas les mêmes produits à Paris ou à Tokyo, et ils souhaitent en disposer dès qu’ils en ont besoin. L’analyse prédictive des comportements d’achat élimine les sur-stocks et permet de proposer sur les linéaires ce que veulent les clients. On constate alors des croissances de ventes de l’ordre de 15 % dans certaines chaînes spécialisées. Dans le secteur alimentaire, 5 à 7 % des denrées frappées par la date de péremption sont rejetées alors qu’un cinquième de la population mondiale est sous-alimentée. Or, il serait tout à fait possible d’anticiper et de les réorienter à temps vers des organisations comme les Restaurants du Cœur.

Rio de Janeiro accueille le prochain Mondial de football et les Jeux olympiques de 2016. La dernière catastrophe tropicale y a fait plus de 250 morts dans les favelas. On sait désormais, à partir des données sismiques et météorologiques recueillies par satellite en temps réel,  prévoir 48 heures à l’avance quelle colline précisément présente un risque. On peut dès lors intervenir à temps et sans devoir envisager de déplacer de trop nombreuses populations. Les applications du domaine environnemental sont multiples.

Il en est de même en matière de transport urbain. Dans un monde qui s’urbanise considérablement, la circulation devient un vrai fléau. D’ici 2050, les villes accueilleront 70 % des habitants de la planète. Mais savez-vous que le plus gros bouchon d’Europe se forme vers six heures tous les matins dans l’Est parisien ? On a évalué à 1 % du PIB la perte de productivité  dans certaines métropoles. Une expérimentation est en cours dans l’agglomération lyonnaise - le projet Optimod – qui va révolutionner la façon de concevoir les déplacements en ville. A partir de données réelles, on fournit des prévisions de trafic une heure à l’avance. Les automobilistes peuvent alors moduler leurs horaires ou utiliser les alternatives d’une offre multimodale de transport. Les entreprises de livraison peuvent optimiser leurs tournées.

En dernier exemple, je citerai l’usage fait au Danemark de puces RFID sur les bovins pour la traçabilité de la viande. Les informations de 1,2 millions de bovins sont centralisées et analysées quotidiennement permettant au Danemark de faire de son industrie agricole l’une des plus sûres et des plus compétitives au monde.

Pour collecter, analyser, synchroniser l’information en temps réel et nous permettre d’aller encore plus loin, les ordinateurs progressent eux-aussi. Aujourd’hui, ils sont capables « d’apprendre à apprendre ». Demain ils seront capables de penser…

Dans le cadre de notre Centenaire, une équipe de chercheurs d’IBM a mis au point l’ordinateur « Watson » et lancé un défi inégalé : battre les deux meilleurs joueurs mondiaux de « Jeopardy », un jeu où les réponses sont ouvertes et, contrairement aux échecs, les solutions infinies. Elaboré à partir d’algorithmes neuronaux, Watson comprend le langage naturel, se joue des chausse-trappes et des jeux de mots. Il va chercher en une demi-seconde les réponses dans son immense mémoire constituée de 200 millions de pages.

Watson a remporté son défi. Il a battu les deux meilleurs joueurs de tous les temps. Maintenant, cet ordinateur associé au cloud computing va devenir le plus grand cancérologue de la planète. C’est son prochain défi ! Il sera consultable partout et par tous les médecins.

C’est notre but : apporter du sens dans l’exploration des gisements croissants de données fiables et disponibles pour les transformer en informations efficaces et rendre notre planète un peu plus intelligente. C’est à notre portée !