Toutes les personnes qui figurent dans le Who’s Who y sont parce qu’elles ont su saisir leur chance, et souvent, elles contribuent désormais à offrir leur chance à d’autres et à l’évolution de la société. Qu’est ce que cela voudra dire pour 2012 ?
Il n’y a pas de bouton « reset » en histoire, en économie ou en sociologie ; vous savez, ces petits boutons, souvent de simples trous, grâce auxquels on relance un appareil électronique qui se met à tourner en rond, à ne plus répondre. Non il n’y a pas de retour en arrière et il se déroule même en ce moment une incroyable avancée vers un monde nouveau, largement inversé, comme dans un miroir. Trois inversions en particulier me semblent importantes.
Le monde est à l’envers, le nord est au sud et vice-versa ; la croissance et le dynamisme ne sont plus ici mais sont durablement là-bas, dans les pays émergés qui n’ont ni notre démographie, ni nos rigidités, ni nos dettes et qui peuvent prendre des risques, s’appuyer sur leur jeunesse. Mais nous sommes interdépendants, c’est une vraie mondialisation de toutes les responsabilités qui se met en place, de l’économique à l’écologique, même si nous n’en sommes pas encore tous profondément conscients.
La société est à l’envers aussi ; chacun a soudain beaucoup d’ « amis » ; une vie pleine d’écrans et de technologies à en avoir la nausée ; une vie privée largement mise à nu. Il faut réinventer nos rapports sociaux, nous réinventer nous mêmes dans ce que nous sommes, nous paraissons, nous construisons avec les autres. Nous sommes largement devenus une société d’étroites interactions avec ses aspects orwelliens et dans le même temps son immense générosité que l’on peut voir dans ces milliers de blogs d’entraide, ses causes communes, ses nouveaux « communs ».
Les raretés enfin se sont inversées : ce qui était rare devient abondant, comme par exemple l’information disponible désormais presque sans limite ; l’accès aux connaissances grâce à des encyclopédies virtuelles permanentes et composées gratuitement par des milliers de contributeurs bénévoles ; l’accès aux formations de toutes sortes mises à disposition de tous par des universités, des entreprises. A l’inverse ce qui était abondant devient rare, comme par exemple l’eau, l’énergie, de nombreuses ressources et même la sécurité sociale que nous devons désormais gérer comme une ressource de plus en plus rare.
Soudain, des sociétés entières s’interrogent, cherchent leurs valeurs, renversent leurs dictateurs, veulent réviser la nature même du capitalisme libéral, sans exactement savoir quoi mettre à la place. D’ailleurs, c’est sans importance car refaire le monde ne commence pas par un grand plan mais par se poser les bonnes questions.
2012 est une grande année de révisions et de bonnes questions. Qu’allons-nous en faire ?
Pour chacun d’entre nous, quelle sera la révision 2012 ? Non pas celle qui nous sera imposée, mais celle que nous déciderons de mettre en œuvre, à notre échelle, avec nos moyens. A chacun de le savoir…de le décider.
Pour ma part, dirigeant un centre de recherche sur le management des hommes, j’essaierai de contribuer à une revitalisation de l’acte de manager, de montrer que manager n’est pas synonyme de pousser au mal-être au travail, de s’adjuger des bonus mirobolants, d’appeler gains de productivité le simple fait de réduire les effectifs, que l’aventure entrepreneuriale est encore possible, que l’entreprise, même grande, peut être un lieu de progrès personnel voire spirituel. Dans la société française d’aujourd’hui, découragée par l’entreprise et la caste des dirigeants, c’est un challenge. Je vois 2012 comme une opportunité d’y répondre car toute grande crise est une possibilité de remise en cause profonde.
Pour cela il faut des managers nouveaux, je les appelle « augmentés » comme dans le concept de la réalité augmentée. Des hommes et des femmes qui vont s’élever au dessus du quotidien et lever le nez de leur guidon-Blackberry, de la bonne conscience qui vient du travail bien fait, fut-il injuste pour d’autres, qui vont essayer de « voir plus loin » les conséquences de leurs actes par exemple en réfléchissant vraiment à leurs implications sur les revenus des autres, sur la vie privée des autres, sur l’avenir de la planète. Non seulement des actes qui les engagent eux-mêmes dans leur vie privée, c’est presque facile, mais surtout de ceux liés à leur activité même de management car il faudra beaucoup de force et de réflexion pour se poser et poser les bonnes questions.
Le bouton « reset » n’est pas si loin, il est juste derrière le bouton « courage ».
Bonne Année.
Dominique Turcq
Président Institut Boostzone
www.boostzone.fr
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